jeudi 3 juillet 2014

Sac d'hier à nos jours - Partie 3





De 1960 à aujourd'hui
en France 


     Je me sens fébrile! Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi. Peut-être est-ce pour toutes ces évolutions depuis le réticule des années 1900. Quoiqu'il en soit dans mon esprit ça part dans tous les sens. Les images et les noms de modèle s'y bousculent. Je ne veux oublier aucun tout en n'attachant à dégager les traits du style dominant. Mais n'allons pas vite en besogne, peut-être qu'un rappel formel et factuel serait plus adapté. Les images dont nous sommes inondés savent si bien parler d'elles-mêmes et faire revenir dans notre mémoire un 2.55 de Chanel oublié parce que remplacé dans notre coeur et dans l'actualité par le Rocco d'Alexander Wang...Le sac, ah le sac, nous sommes tant de converti, les femmes, les hommes, les sociologues de Kelley Styring à Jean-Claude Kaufmann, les enfants...  

Des années 60 

Vive la jeunesse

   La croissance économique est là. Le jeune qui sait s'illustrer depuis la guerre prend définitivement les rennes du pouvoir. Il cherche activement à se libérer des anciens schèmes et principalement du diktat  de la haute couture. De jeunes stylistes se placent sur cette tendance. Le sac et la bandoulière de retour participent de cette culture : 'désinvolture, décontraction et dégagement des contraintes'. La jeune femme qui revendique la mini jupe ou le pantalon voit dans la gibecière ou la sacoche le prolongement de ce désir de liberté.
Paco Rabanne - sac métal et plastique
  aux motifs feuilles quadrilobées et d'étoiles encadrant le monogramme LV. Désormais en toile induite, le Keepall déjà évoqué dans la partie 1 se réinvente.  
Paco Rabanne joue des matières, Cardin s'approprie les lignes et les volumes quand Gaston Vuitton trouve une nouvelle plage d'expression pour sa toile.
   Le plus notable dans ces années, c'est que l'homme très présent à l'époque des bourses avait presque délaissé le domaine aux femmes. Il ne se contentait plus que des serviettes, des mallettes et trouvait une certaine facilité réconfortante dans les poches. Les années 60 marque la reconquête de quelques territoires...



Les années 70
La récession économique, hippie, soixante-huitard et folklores

  La récession, l'esprit contestataire, le rejet de la société de consommation et notre sac se fait l'incarnation de ce temps. Les grandes maisons proposent toujours des produits de luxe mais les regards lorgnent vers la rue et son plébiscite d'une douceur de vie retrouvée.  Le sac à l'image des vêtements se présente tout en décontraction déclinée dans des matières diverses. Cette vie qu'on veut simple, sobre, humaine éclaire l'artisanat. Sacoches, gibecières, pochettes, porte-monnaie sont de cuir épais presque brut "l'indiscrétion de ses piqûres aime souligner que plus que le résultat, c'est le geste qui est beau"1 comme si la quête de la perfection s'effaçait devant l'émerveillement d'une production à hauteur d'homme qui propose la pièce unique. J'aime ces années-là parce que ses problématiques sont identiques à ceux d'aujourd’hui: faire du neuf avec du vieux à travers la récupération et la réinterprétation, éviter ainsi le gaspillage, le leitmotiv à la mode. 
Choukaras noir -brodé à la main 
  Dans cette logique avant-gardiste, le retro devient de bon ton encore plus loin on a une sympathie pour les pays sous-développés ou du tiers-monde  (oui c'est ainsi qu'on les nommait, le politiquement correct n'existait pas encore) : sacs marocains, choukaras en cuir brodé ou longues franges, sacs en chèvre afghane, sac aux broderies indiennes et recouverts de miroirs, les sacs en tapis orientaux, les péruviens, les mexicains, etc...   






Les années 80
                    La recherche du style 

               1984, Le Birkin
 'Jamais sacs et chaussures n'auront justifié de telles dépenses, comme pour gommer l'anonymat des panoplies rase-bitume dont a parfois du mal à distinguer la copie de l'original."2
"Les accessoires acquièrent une dimension esthétique nouvelle et sont sacralisés objet d'art"
Notre sac atteint ces années plus que jamais traverser par ce qu'il fut et par ce qu'il tend à devenir. Les grands stylistes parachève au grès des rencontres des objets qui façonne l'univers féminin à l'image du Birkin d'Hermès et du cuir épi que lance Vuitton.
   Et notre sac qui aime à suivre le mouvement et les changements de la société toujours en crise économique se veut fougueux. Il joue les contraires tantôt en volume et d'autres fois se dévoile dans la retenue d'une structure : besace gigantesque, fourre-tout profond d'un côté, bandoulières rétrécies en poignée pour des minis sacs de l'autre.
  Dans ces désirs oscillants, le sac à dos fait un retour et trouve sa place. D'ailleurs dans cette décennie il règne en maître. Ses promesses  sans grande prétention séduisent : présence tranquille, liberté totale de la silhouette et des mains, compagnon d'évasion vers une randonnée, bureau à portée 'd'épaule' et que sais-je encore.
  Dans le sillage de cette tendance ne pouvait que ressusciter l'aumônière, du moins dans son idée première. Désormais il se positionne fièrement à la taille. Vous l'aurez reconnu, il s'agit de la banane. 


Les années 90


  Dans les années 90 la mode se libère d'un cran supplémentaire, adopte un virage vers la couleur et consolide l'offre au masculin amorcée trente ans plus tôt. C'est Vuitton par exemple qui lance la ligne Taïga en 1993 parmi laquelle se déploient une trentaine de références : attaché-case; sac de voyage souple; accessoires de bureau et petite maroquinerie décliné au début dans du cuir vert satin. 
   Le sac des années 90, se trouve dans tous les tons, dans toutes les gammes, à tous les prix. La qualité et la solidité, critère jadis primordial ont ployées sur le pesant autel de l'originalité. Être branché et originale devient un point essentiel de l’acte d’achat…



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Les années 2000


Les it-bags,  le temps des marques, des Créateurs et  des égéries 




2010 : La maison Lancel lance son sac Brigitte Bardot   2010, La cartouchière de dior; 2011, Kate Moss



2013, 'Le boy'


   Regardez-le attentivement, ne vous rappelle-t-il rien? Bien que si, vous avez été très attentif. Il a les gène du 2.55. Seulement l'époque est différente et ce nouveau-né se veut plus rock, et disons-le plus viril. Vous vous dîtes toute suite d'où le nom de 'Boy'. Oui mais pas que, il faut y voir une référence à Boy Capel, le grand amour de Mademoiselle Coco. Il n'y a que Lagerfeld pour sortir les petites histoires des archives...





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Le prestige discret

  À côté de ces monstres sacrés du marketing de luxe, il existe des marques qui fondent leurs stratégie sur le savoir-faire :  la maison Renouard; 

Les artisans maroquinier

    Dans cette décennie où on consomme différemment et où le fait main gagne ses lettres de noblesse, de nombreux artisans proposent des créations de bonne qualité et d'un soin esthétiques  Nicolas Theil 


   Longtemps les formes ont été définit par la fonction : Le médecin et son sac Dallès, le chasseur et sa gibecière, le havresac de l’explorateur, la besace ou l’écharpe du pèlerin, la sacoche de l’artisan et enfin le cartable de l’écolier, bien entendu ce tour d’horizon n’est pas exhaustif.
  Il fut également un temps où les faiseurs de mode dictait les principes de bon aloi 'Un petit sac entre les mains d'une femme grande et forte est mesquin, tandis qu'une délicate Parisienne ne supportera pas un énormes sacs comme il s'en fait malheureusement trop" disait jadis Louis Vuitton. Aujourd'hui ces sacro saintes règles sont transgressées, le sac se choisit pour lui-même comme disaient Geneviève et Gérard Picot "élu pour ses qualités intrinsèques". On se fie à sa fantaisie personnelle, au coup de foudre instantané et à bien d'autres éléments dont ne se laisse dicter par personne d'autre. On peut papillonner d'un sac souple à un sac rigide, au grès des envies prendre un grand sac ou un petit, un sans bandoulière et à poignée, choisir l'encombrant plus que le pratique, succombé un jour pour un trendy et le lendemain pour un sportif, jouer la modeuse avec un sac vintage ou faire sa Kim Kardashian et être à la pointe de la tendance.
   Notre sac semble désormais intemporel et a acquit une universalité incontestable. Mais il est ce de tous les moments : pochette pour sortir le soir, fourre-tout pour les femmes dynamiques, sac porteur de petits papiers ou de cailloux pour un clin d'oeil au livre de Kaufmann ou encore cabas pour les super-maman. Une fois la rencontre effectuée, il s'adapte, il se fond à nous pour devenir le prolongement visible de notre image, au service de notre identité. 
   Je terminerai donc en lançant à toutes et à tous et je dis bien à tous car les hommes ne sont plus en reste de la folie de sac, à nos sacs, à cette touche ultime qui règle la mélodie d’une tenue…À ce territoire intime qui souvent selon certains régorgerait de secret inavouable. 


Sac d'hier à nos jours- Partie 1 ; Sac d'hier à nos jours- Partie 2 

Pour aller plus loin  1,Le sac à main, histoire amusée - Geneviève et Gérard Picot;  2 (Jean-Baptiste Debains, directeur des produits maroquinerie chez Louis Vuitton, dans le journal du dimanche (15 avril 2001) - Le cuir, Anne-Laure Quilleriet
Savoir plus 

1 commentaire:

  1. C'est édifiant ce que vous faite ! Connaitre l'évolution de nos "bijoux de sac" à travers les générations. Continuez sur votre lancée, afin que par votre canal nous puissions acquérir d'avantages de connaissances.

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